• Lundi 4 juillet :

    La Londe-les-Maures - Digne-les-bains

     

       

    Pour éviter au maximum l'inexorable canicule qui se prépare, le départ a été fixé à 7 heures 30 ; et déjà les pédalées sont belliqueuses, certains veulent éviter probablement la chaleur de tantôt, d'autres se voudraient "pros" !

    Beaux paysages tout au long de la journée : Cabasse, les rives du lac de Carcès, villages de Haute-Provence aux tuiles roses sous un ciel azur en cette matinée puis un lac de Sainte-Croix et un Verdon émeraude avant de pénétrer le pays de la lavande et le plateau de Valensole.

    De gros dégâts : la chaleur, il fait 42 degrés sur notre route, l'eau des bidons est chaude au bout de 10 minutes, et aussi les premières chutes !

    J'ai dû remplir, ce jour, une douzaine de fois mon bidon qui fait trois quarts de litre ; les quatre tangos, eux, devaient compter chacun 33 centilitres de grenadine et surtout de bière ! Faîtes le compte !

    Première chute après 5 kilomètres. Le peloton est gros, très gros, et large, constitué de 137 participants et de suiveurs occasionnels, la route est étroite. Une voiture qui vient malencontreusement en face, un peu vite, un ralentissement du peloton, une seconde d'innattention et c'est l'accrochage, et ça s'enchevêtre ! Celle-là sans gravité.

    Deuxième chute à la sortie de Carcès ; elle est un peu plus grave. Un des deux blessés est Moïse le Tarnais. Une intervention rapide des secouristes de la Croix-Rouge qui nous suivent, et il ralliera Salernes à l'heure, pour le pique-nique. Quant à l'autre, on le conduira au village le plus proche pour qu'il consulte un docteur, il a des éraflures assez profondes. Je prendrai de ses nouvelles ce soir : il sera en état pour continuer demain.

    La dernière en cette matinée, c'est le doyen du peloton qui en est la victime ; il est tombé seul apparemment, il fait partie du Club Sportif d'Aix ; il est âgé de 74 ans, chapeau bas ! Ils sont toute une équipe de ce club, c'est heureusement moins grave pour lui : des éraflures au bras mais il s'inquiète pour sa jambe qui a frappé le macadam, il a peur pour la suite. Hier soir, j'étais tout étonné de voir un cyclo fumer le cigare après le repas, c'est lui ! Je ne saurai jamais s'il l'a fait tous les soirs, je le recroiserai dans une chambre d'hôtel à Rochefort !

    De culbutes en culbutes, déjà un premier tango pour me remettre de mes émotions celui-là, ainsi que des ondulations intempestives de la route, et nous voilà à Salernes pour le pique-nique. Il est 11 heures 30. La spécialité ici est la faïence mais le plateau et nos assiettes sont toutefois, et encore, en plastique !

    Baignade et repos bien mérités avant la distribution, dans une oasis de verdure. Un ruisseau, la Bresque, alimente un petit plan d'eau ; si quelques-uns s'aventurent dans l'eau fraîche, je n'y fais qu'immerger mes pieds en m'aspergeant la tête et les bras. L'eau revivifie, un instant.

    12 heures 30 et chacun déjà repart à sa convenance pour affronter le feu de l'après-midi et démarrer la chasse à la canette. Ça grimpe tout de suite, vers Aups ! Oups !!

    Première et dernière photo de la journée sur les hauteurs du lac de Sainte-Croix ; se sera la seule, plus de place pour du tourisme ! Plus qu'une préoccupation pour la soixantaine de kilomètres restants : rallier Digne, contre la chaleur et contre les bosses !

    à suivre...

     


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  • Dimanche 3 juillet 1994 : c'est parti !

    Aix-en-Provence - La Londe-les-Maures

     

     

    Avec René, ils sont 20 du Vélo-Club, en ce dimanche matin, jour de la sortie dominicale ; pour une fois, je ne suis pas en rouge et blanc ; la photo en témoigne ! Les 19 Gignacais qui sont venus nous accompagner sur les tous premiers kilomètres de cette première étape vont rouler avec nous jusqu'à Pourrières et de là reviendront sur leurs pas, regagner leurs terres.

    Perchés sur des bancs, installés pour la circonstance devant la Fontaine de la Rotonde, en bas du cours Mirabeau, 137 oiseaux au plumage bleu turquoise gazouillent devant une nuée de photographes (tous les participants étaient invités pour ce premier rassemblement à revêtir le maillot spécial Tour 94 offert par l'Organisation).

    Après le cérémonial du départ, en présence du Maire d'Aix monsieur Picheral, Michel Depond, directeur du Tour, jouant de son haut-parleur, rassemble sa troupe ; il est 9 heures, le départ est donné pour nos 130 premiers kilomètres.

    Impressionnant cet aperçu sur l'interminable peloton bleu, mais à peine sortis des faubourgs d'Aix, la route contourne le massif de la Sainte Victoire et nous propose malgré tout une série de raidillons... col de Claps et ses quelques lacets à 15% mais situé seulement à 530 mètres, col des Portes un peu plus haut... Le cordon bleu se brise...

    Le soleil est déjà chaud, je tombe mon beau maillot bleu tout neuf, je veux le ménager, lui éviter le premier jour les premières suées... Au pied du Claps, les cigales ne se sont jamais autant esclaffées !

    Premier plateau repas à Pourcieux ; nous sommes hébergés dans la salle polyvalente où il est difficile de caser tout ce monde pédalant c'est-à-dire les 137 participants et les cyclos régionaux venus nombreux les accompagner en cette première matinée. Avec René et quelques autres, nous sommes installés sur l'estrade mais pas pour nous donner en spectacle ! Je rends mon plateau vite fait et nickel !

    Canicule ensuite avec 36 degrés à l'ombre ; "Ils sont partis vers la fournaise", titrera le Provençal, lundi 4 juillet.

    C'est de fontaines en cafés que le peloton diminué de ses supporters du matin va s'égrener tout le long de cette chaude après-midi. Pour les deux René, ce sont des pêches bien mûres achetées sur le bord de la route, qui les réconforteront autant qu'elles les désaltéreront !

    Premier regroupement de fin de parcours afin de rejoindre en formation serrée la ville étape sur les tous derniers kilomètres ; nous ne faisons pas partie de ceux qui attendent !

    Arrivée superbe entre les lauriers roses et blancs sur le port Miramar de La Londe, sous les flonflons, et encadrés de pom-pom girls.

    Centre Odel Var pour moi près du bord de mer, hôtel de Paris pour René ; première lessive déjà pour certains, le pré derrière l'hôtel est jonché de maillots (voyez qu'on les a mouillés !), de cuissards ; l'endroit est calme. Les miens, blancs de sel, ont droit à un rinçage à l'eau tiède.

    Les cérémonies protocolaires (le vice-président de notre fédération est là, avec d'autres autorités...), un fastueux vin d'honneur, puis un copieux repas nous sont proposés au Centre où nous sommes, en partie, hébergés.

    Premier tirage au sort des cadeaux, je ne fais pas partie des sept élus de ce soir qui se voient attribuer un coffret de vins du Var offert par la municipalité. Les organisateurs procéderont à ce tirage tous les soirs afin que chacun, à la fin du Tour, reparte avec un petit souvenir local. Heureusement, surtout pour le lot de ce soir, que le transport sera assuré par les véhicules des organisateurs et non par les participants !

    Pas de chambre individuelle pour ma première nuit, nous sommes trois : Philippe le Montalbanais, Robert le Pyrénéen de Saint Béat seront mes premiers colocataires. Premières confidences (presque sur l'oreiller !) avant le passage du marchand de sable ; certains se livrent...

    Robert vient de divorcer, c'est à cause de (ou grâce à) ce douloureux épisode de sa vie et d'une cuite magistrale qui s'en est suivie, qu'il se trouve là sur ce Tour, malgré son inexpérience -de ce côté-là, je ne suis pas mieux loti- au grand dam de ses plus proches amis ! Mais je sens chez lui une volonté farouche, il y croît fermement et le bougre m'a l'air costaud côté moral.

    Mais maintenant, il ronfle, et c'est là le hic !

    Tout à l'heure, après la douche avant de nous rendre au vin d'honneur, il s'est allongé et s'est aussitôt assoupi, et aussitôt s'est mis à ronfler ! Oh, que je le crains ça ! Philippe, moins bavard, aux premiers grognements émis, m'avait déclaré qu'il ronflait lui aussi ! Par contre, lui, il la soigne sa ronchopathie, il s'est équipé de remèdes. Mais affolé également par ces vrombissements intempestifs, dès le réveil heureusement assez rapide de Robert, il s'est empressé de lui proposer ses remèdes... à mon grand soulagement !

    En attendant les effets espérés des gouttes nasales chez mes deux voisins, ce sont les coassements des crapauds qui m'empêchent de trouver le sommeil ; ce sont aussi mes premiers questionnements...

    Cette journée n'aura pas été une promenade de santé, il a déjà fallu cravacher pour ne pas laisser les plus véloces trop attendre !

     

     

     

    Dimanche 3 juillet 1994 : c'est parti ! Aix-en-Provence - La Londe-les-Maures

     

     

    Dimanche 3 juillet 1994 : c'est parti ! Aix-en-Provence - La Londe-les-Maures

     

    Dimanche 3 juillet 1994 : c'est parti ! Aix-en-Provence - La Londe-les-Maures

     


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  • Samedi 2 juillet 1994 : jour J-1

     

      

    Rendez-vous en fin d'après-midi au complexe du Val de l'Arc à Aix-en-Provence, P.C. de l'organisation, pour la remise des dossiers, d'un beau maillot bleu et d'un T-shirt du Conseil Général, circuit administratif, vérification des vélos (sacoche de guidon obligatoire !) et du matériel de réparation exigé, consignes pour les trois semaines à venir, et très important pour le fun : remise d'une belle plaque numérotée à fixer sur le cadre du vélo !

    Le premier vin d'honneur permet déjà de faire quelques connaissances. René est présent (il est seul, suite au désistement d'un petit groupe du Vélo-Club de Gignac qui s'était engagé à me suivre sur les deux ou trois premières journées) ; le fidèle René va m'accompagner jusque vers Briançon, soit durant trois étapes et demie ; elles ne seront pas des plus faciles de ce Tour !

    C'est le numéro 10 qui m'a été affecté. Mon inscription, en tout début d'année, fut bien sûr des toutes premières ; il n'était pas question pour moi, une fois décidé, de rater le coche, prendre le risque d'arriver le cent-quarante-et-unième !

    Ce Tour, au départ d'Aix, je voulais que ce soit à mon tour.

     

     

     

     


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  • 2 avril 2012

    Drôle d'idée !

      

    Il y avait trop longtemps que le "Tour de France" évoquait chez moi le summum de ce qui peut être fait avec une bicyclette, un rêve de gosse, sur les traces des exploits des Bobet, Anquetil, Bahamontes, Merckx, Thévenet... et plus récemment des Hinault, Indurain... sans oublier les moins chanceux que ces grands champions et notamment un certain Raymond Poulidor.

    Le Tour de France Cyclotouriste organisé par la Fédération Française de Cyclotourisme ressemble un peu à son frère presque jumeau, la convivialité en plus, le chronomètre et les classements en moins. Il était surtout mieux en adéquation avec mes capacités de pédaleur !

    L'occasion - vite là - était trop belle ; pour sa troisième édition (du 3 au 23 juillet 1994), le Tour FFCT (celui de ma Fédération) partait d'Aix-en-Provence, et y revenait !

    Une aventure, un défi, mais des inquiétudes évidemment, en arriverai-je au terme ?

    Mais c'était dit, je pars !

    Depuis 1992, année de sa création, cet évènement était gravé sur mes tablettes, alors que je ne pratiquais le vélo que depuis fin 1990, au sein du Club cyclotouriste de mon village, le VCG, club cher à l'ami Roger.

    Une première angoisse, début 1993, un blocage discal postéro-latéral gauche au niveau de L4-L5 et me voilà rivé au lit ! Une opération en février après moult tergiversations et me revoilà -  précautionneusement - en selle quelques semaines après !

    Toutefois, je ne peux vraiment peaufiner ma préparation que début 94, c'est-à-dire environ 3500 kilomètres de routes provençales dont un voyage itinérant en boucle de 450 kilomètres sur trois jours, soit le minimum requis par la Fédération comme entraînement, de janvier à juillet. René et Roger m'accompagnaient lors de ce petit périple vers Moustiers-Sainte-Marie, les gorges du Verdon, Castellane, Digne... Je les en remercie encore, ces deux-là me manquent énormément ; et je n'oublie pas les succulentes pâtes préparées par Emilienne au gîte équestre de Moustiers... elle était venue jusque-là accompagner Roger qui n'avait pas pu partir avec nous le matin.

    "Roger, René, les routes sont-elles pentues là-haut, ou est-ce le calme plat ?"

    Cet entraînement sur six mois, réduit du fait de l'intervention chirurgicale l'année précédente, me paraît léger. Je prévoyais pour ce Tour, une préparation plus conséquente et étalée sur deux pleines années. Tôt, la succession des étapes de ce Tour, leur dénivelé, confirmeront mes doutes et auront raison de mes fesses. Nombre de participants, la veille du départ, m'avaient effrayé en annonçant leur kilométrage réalisé depuis le début de l'année ; eux, avaient tanné leur peau !

     Le 3 juillet 1994, la place de la Rotonde, en bas du cours Mirabeau, nous était réservée, nous étions tous là. Nous partîmes 137, parité non respectée pour la gent féminine, gentes et courageuses dames au nombre de 15. Quatre Belges, cinq Danois et quatre compatriotes de La Réunion étaient des nôtres. Nous revînmes 133, 21 jours plus tard.

     

     

    Drôle d'idée !

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